Pourrir est un luxe qu’on ne peut se payer indéfiniment, à Kaosopolis.
Dounia flottait depuis longtemps. Impression étrange de se tenir en bordure du réel. Tout était donc vrai. Cette injection que lui avait faite le chicanos de la 54e, quelques jours avant qu’elle ne crève. Cette injection pas nette, pas comme d’habitude. De la merde coupée avec du solvant, elle avait pensé. Dunia nunca mueren, Dunia no se pudre, avait marmonné le chicanos en léchant l’avant-bras tuméfié du travelo.
Le jour d’ensuite, tout c’était passé très vite. Douleur vive. Le corps inerte. Les tripes éparses. Les heures qui passent. Les pleurs. Les cortèges souterrains, les prosternations. Dounia enfermée, comme contenue dans son corps inerte. Un engourdissement. Les mouches. L’humidité. Le froid. Une enfant qui pleure. Rex. Jones. Le lapin. La merde, quoi.
Un an s’était écoulé, la ville entière la croyait morte. Elle y aurait sans doute cru aussi, à sa propre mort, si ce n’était des paroles du chicanos, qui résonnaient dans son esprit
Dunia no se pudre, transmigración del espíritu
Dounia flottait depuis trop longtemps. Le temps était venu pour elle de reprendre du service.
samedi 13 août 2011
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