Me laver. Heureusement la douche fonctionne encore et je peux me la faire gicler en plein visage pour tenter d'enligner mes pensées. Il faut penser vite, me décrasser, défaire les noeuds dans ma chevelure-spaghetti de gueuse (allez estime-toi bordel tu n'as rien d'une traînée!), me toucher aussi, on ne me touche plus, c'est lamentable.
Ce qui reste de savon: un truc brunâtre que quelques cafards s'arrachent; je laisse l'eau couler sur mon dos, au creux de mes reins et je laisse les bestioles à leur collation. J'ai en tête l'air hébété de Dounia, cette voix de baryton qui résonne en arrière-pensée (ce rire gras), puis je me rappelle un détail, insignifiant peut-être.
J'arrête la douche et je me précipite, nue, vers Dounia.
Ses viscères s'étalent en périphérie de son ventre, un sang bourgogne, presque noir, s'en déverse, et se répand à vitesse réduite et stable de part et d'autre de la victime gisante. Il lui reste, semble-t-il, un dernier souffle: «... le...».
Je me précipite à ses lèvres que j'embrasse pour leur donner une extension de vie; elle se ravive, ses yeux s'illuminent comme ceux d'un loup s'écarquillent alors qu'un véhicule utilitaire sport s'apprête à le happer.
«... le... jour...»
Ses yeux se figent, ce qui annonce son départ définitif.
Je commence à avoir froid. J'arrive trop tard.
Je détourne les yeux de son visage après avoir fermé ses paupières, mon regard se dirige vers son opulente poitrine qui montre quelques repousses de poils ici et là. Dans le soutien-gorge en dentelle noir de Doumia, quelque chose m'alerte. Un bout de page déchirée.
J'y lis «Journal de Jimmy Jones, jour 2».
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1 commentaire:
Eve Attar te va comme un gant !
Et ce pont avec le journal de Jones... ça s'articule d'une belle manière tout ça.
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